
Laisser vieillir à leur manière
- Nathalie Héritier
- 25 juin
- 1 min de lecture
Vieillir, c’est souvent s’éloigner un peu du monde. Le corps se replie, les gestes ralentissent, la mémoire s’effiloche.
C’est un chemin en pente douce, parfois rude, parfois paisible. Mais c’est encore un chemin. Le leur.
Alors pourquoi vouloir tout baliser ?
On enlève le sucre, on cache le vin, on interdit la cigarette. On change les coussins, on impose une routine, on conseille, on corrige, on croit aider.
On voudrait les préserver contre tout. Même contre eux-mêmes.
Mais vouloir le bien de l’autre, ce n’est pas le gouverner. Ce n’est pas le contraindre à devenir l’image rassurante que l’on se fait de la vieillesse bien conduite.
On peut perdre l’autonomie, vaciller dans la tête ou dans les jambes, et garder l’envie de vivre à sa façon.
Même si cela paraît déraisonnable.
Même si cela nous agace ou nous fait peur.
Accompagner, ce n’est pas commander. C’est rester là, en confiance.
C’est offrir une main, pas une laisse.
C’est se rappeler, humblement, qu’ils ont été là avant nous.
C’est comprendre qu’il y a plus de tendresse dans le respect que dans le contrôle.
Avec l’âge, ils ont gagné ce droit précieux : celui de vivre à leur manière.
Vieillir, ce n’est pas redevenir petit.
C’est rester entier, jusqu’au bout.
Nathalie Héritier
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