
Cacher la mort dans les institutions
- Nathalie Héritier
- 8 juin
- 1 min de lecture
Dans bien des EMS aujourd’hui, la mort se faufile par les couloirs de service. On évite qu’un cercueil croise un regard, on préfère le détour par les sous-sols. Parfois même, la chambre est vidée alors que le corps y repose encore. Et les nouvelles constructions
ne prévoient plus d’espace pour veiller les morts.
On dit que c’est pour ne pas perturber les autres résidents. Pour protéger. Mais de quoi ? D’un départ inévitable ? D’un silence trop plein ? De l’évidence de la fin ?
Et si, au contraire, nommer la mort, dire simplement « Madame X est décédée », offrait un peu de vérité, un peu de tendresse ? Même lorsque la mémoire flanche, même quand les mots s’effacent, que la démence prend le dessus, il reste à un autre niveau plus profond, le ressenti, une forme d’intuition, et d’humanité.
Oui, la mort peut troubler. Mais ce trouble est sain. Il rappelle que chaque présence compte, jusqu’au dernier souffle. Que nous faisons encore partie des vivants tant que nous comptons pour quelqu’un, tant qu’un adieu nous est adressé.
À vouloir cacher la fin, on efface aussi le lien. Et l’on oublie que mourir fait encore partie de vivre.
Nathalie Héritier
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